Formation professionnelle : ce qui change en 2025

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La rédaction
CCM Benchmark
Publié le 26/02/2024 Mis à jour le 6/01/2025
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Formation pro
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Face au resserrement budgétaire de France compétences et aux exigences de l’IA Act, la formation professionnelle se réinvente en 2025. La réforme engagée impacte l’ensemble de l’écosystème, des OPCO aux organismes certifiés Qualiopi. Académies internes, experts terrain, social learning émergent comme leviers d’efficience, malgré la prédominance du présentiel.

La formation professionnelle entame une mutation en 2025, sous l’effet d’une double contrainte. D’un côté, les restrictions budgétaires imposent une optimisation des ressources, avec un déficit de France compétences ramené à 466 millions d’euros. De l’autre, la transformation des métiers, l’évolution des attentes des apprenants poussent à l’innovation. Selon Centre Inffo, 70 % des salariés souhaitent faire évoluer leur carrière. Leur ambition dépasse la simple mise à jour des compétences, ils visent une véritable mobilité professionnelle, au sein de leur entreprise ou vers d’autres horizons. La dynamique s’accompagne d’une refonte des modalités de formation, mais aussi d’un usage accru des technologies.

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Les restrictions budgétaires redessinent le paysage

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France compétences prévoit de contenir son déficit sous la barre du milliard d’euros, à 466 millions pour 2025. Les ressources se stabilisent à 13,651 milliards d’euros. En effet, la hausse des contributions des entreprises compense la baisse des financements de l’État (-500 millions d'euros). Un nouveau « décret France compétences » en préparation vise à assouplir les règles de répartition des fonds. Il supprime les fourchettes imposées pour la distribution des contributions employeurs, et maintient le rôle central des OPCO dans le financement des formations.

L’apprentissage subit une cure d’austérité, avec une enveloppe amputée d’un milliard d’euros comparé à 2024, ramenée à 9,7 milliards. En 2025, l’aide aux employeurs passera de 6 000 à 5 000 euros pour l’embauche d’un apprenti au titre de la seule première année du contrat pour les entreprises de moins de 250 salariés et de 2 000 € pour les autres entreprises. L’enveloppe des régions diminue, quant à elle, de 50 millions d'euros.

Le Compte personnel de formation (CPF) voit son budget passer sous les 2 milliards d’euros, conséquence des mesures de régulation engagées depuis 2021. Un arrêté du 26 décembre 2024 a d'ailleurs fait passer très récemment le reste à charge minimum de 100 à 102,23 euros.

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Quels secteurs maintiennent leurs investissements de formation ?

L’industrie manufacturière, l’automobile, les activités scientifiques/technologiques, la construction, le secteur information-communication représentent 75 % des actions cofinancées par le FNE-Formation en 2023-2024. Source : dares.travail-emploi.gouv.fr

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Bon à savoir !
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L’IA sous haute surveillance réglementaire

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L’Union européenne (UE) franchit une étape majeure grâce à l’adoption de l’IA Act par le Parlement le 13 mars 2024. La réglementation, première mondiale du genre, place la formation professionnelle parmi les huit domaines classés « à haut risque ».

La classification concerne trois usages de l’IA dans le secteur :

  • Les systèmes de sélection des candidats.
  • Les outils d’évaluation des acquis.
  • Les dispositifs de surveillance des examens.

Le nouveau texte entre en vigueur entre fin 2025 et 2026. Il vise à concilier l’innovation avec la protection des libertés fondamentales.

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Lois
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Quelles sont les nouvelles exigences pour les organismes de formation ?

La réglementation distingue deux niveaux d’obligation. Les concepteurs d’IA doivent déployer une politique de gestion des risques, garantir la cybersécurité. Les utilisateurs, eux, doivent assurer un contrôle humain qualifié, alerter en cas de risque.

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Le saviez vous ?
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Les formats pédagogiques résistent aux idées reçues

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Contrairement aux prévisions d’une digitalisation massive, les données 2023 du FNE-Formation révèlent une prédominance du présentiel, avec 73,3 % des actions de formation. Le distanciel représente 12,4 % des formations, les formats mixtes plafonnent à 9 %. La répartition témoigne d’un ancrage persistant des modalités traditionnelles, en particulier pour les formations techniques, managériales. La certification Qualiopi continue d’assurer un niveau de qualité constant, peu importe le format choisi.

La répartition par public révèle des disparités significatives : les ingénieurs/cadres captent 35,6 % des actions, suivis des employés (24,7 %), techniciens agents (24 %). Les ouvriers qualifiés représentent 11,9 % des bénéficiaires. Les chiffres soulèvent la question de l’équité d’accès à la formation.

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Comment se répartissent les investissements par transition ?

Le FNE-Formation 2023 révèle une priorisation claire : 51 % des fonds sont alloués à la transition numérique, 39 % à la transition écologique, 3 % à la transition alimentaire. Les grands événements sportifs captent 6,4 % des financements.

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Le petit plus
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Les académies internes réinventent la transmission des savoirs

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Face aux contraintes budgétaires, les entreprises développent leurs propres structures de formation. L’internalisation réduit les coûts. De plus, elle garantit l’alignement des contenus aux objectifs stratégiques. Les académies internes s’appuient sur des matrices de compétences automatisées afin d’analyser les besoins, puis construire des parcours personnalisés.

Elles combinent plusieurs modalités :

  • E-learning : fondamentaux théoriques.
  • Ateliers présentiels : pratique.
  • Classes virtuelles : échanges d’expérience.

L’effet d’espacement, principe pédagogique consistant à étaler les apprentissages dans le temps, est intégré de manière systématique en vue d’optimiser la rétention des connaissances.

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Les experts terrain : nouvelle ressource stratégique

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La mobilisation des experts internes autour de la création, mais aussi de l’animation des formations prend de l’ampleur. Les collaborateurs, reconnus pour leur expertise métier, sont formés aux techniques pédagogiques, équipés d’outils de création de contenus. Au-delà des économies réalisées sur les prestataires externes, l’approche valorise les savoir-faire internes et contextualise les apprentissages. La salarié expert devient l'ambassadeur de son entreprise.

Dans l’objectif de réussir cette transformation, les entreprises misent sur l’adhésion des managers. Ils doivent libérer du temps aux collaborateurs-formateurs. La reconnaissance de leur contribution passe par des certifications internes, des primes ou des opportunités de développement professionnel.

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Le social learning redéfinit l’apprentissage

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La génération Z privilégie des formats courts inspirés des réseaux sociaux. La tendance se manifeste à travers l’émergence du nano-learning, caractérisé par des modules brefs, ciblés, accessibles sur mobile. La dimension collective de l’apprentissage se réinvente à travers des communautés internes aux entreprises, des canaux dédiés sur les plateformes professionnelles. Les espaces d’échange comblent le déficit de lien social initialement reproché au e-learning. Ils facilitent le partage de bonnes pratiques entre pairs.

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Un plan et des pactes régionaux d’investissement dans les compétences recentrés

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Le volet national du plan d’investissement dans les compétences (PIC) 2024-2027 connaît une refonte importante, avec un budget de 573,73 millions d’euros en autorisations d’engagement, 669,42 millions en crédits de paiement. Du côté des pactes régionaux (PRIC), la nouveauté réside dans le rééquilibrage du financement. Les régions assurent désormais 60 % de l’effort financier, contre 40 % pour l’État, contre 50/50 en moyenne auparavant.

Les publics prioritaires sont clairement identifiés :

  • Demandeurs d’emploi de niveau infra-bac.
  • Jeunes jusqu’à 26 ans avec un niveau bac+2 non validé.
  • Bénéficiaires du RSA.
  • Seniors de plus de 55 ans.
  • Travailleurs handicapés.

La priorisation vise à corriger les déséquilibres observés dans l’accès à la formation.

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La validation des acquis de l’expérience (VAE) se modernise

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La création d’un service public de la VAE, portée par un groupement d’intérêt public (GIP) doté de 3 millions d’euros pour 2025, marque une volonté de simplification. La modernisation s’accompagne d’un budget de 39,4 millions d’euros afin de financer les parcours. Le nouveau dispositif ambitionne de rendre les certifications inscrites au RNCP plus accessibles. Toutes pourront être obtenues via la VAE.

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Les transitions professionnelles au cœur des enjeux

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Le dispositif « Transitions collectives », doté de 8 millions d’euros, s’impose comme un outil clé dans l’accompagnement des reconversions. Il entend faciliter l’orientation des salariés dont l’emploi est menacé vers des métiers porteurs à l’échelle locale. L’approche territoriale, via les contrats de plan État-régions (CPER), s’appuie sur un réseau d’acteurs renforcé. CARIF, OREF, ARACT bénéficient d’une enveloppe de 20,13 millions d’euros pour 2025.

 

En 2025, la formation professionnelle est à la croisée des chemins. Sous l'impulsion de contraintes budgétaires et de l'émergence de nouvelles technologies, le secteur se transforme en profondeur. La digitalisation progresse, mais le présentiel reste incontournable. Les entreprises internalisent la formation, les experts métiers deviennent des acteurs clés et le social learning se développe. Si l'IA Act impose de nouvelles règles, elle ouvre également de nouvelles perspectives. Au final, c'est un écosystème plus flexible, plus personnalisé et plus centré sur les besoins des apprenants qui se dessine. Reste à relever les défis liés à l'équité d'accès à la formation et à garantir une transition réussie vers un monde du travail en constante évolution.