Dans le monde, plus d’un milliard de personnes ont un handicap rendant l’accès à Internet difficile (malvoyance, daltonisme, dyslexie, etc.) Problème, plus de 7 contenus web sur 10 ne sont pas accessibles à tous. Autrement dit, ils ne respectent pas les lois en vigueur. En France, les chiffres ne sont guère meilleurs. Près de 20% de la population n’a pas accès à la totalité des contenus digitaux. Aujourd’hui, entreprises comme acteurs publics le savent, l’accessibilité numérique est un enjeu éthique, mais aussi une belle opportunité économique.
Les enjeux éthiques de l’accessibilité numérique
L’enjeu premier de l’accessibilité numérique (ou A11É dans le jargon) est d’offrir à l’ensemble des internautes la possibilité d’accéder à l’information, indépendamment de leur situation. Ce concept entend rendre le digital plus inclusif, et non discriminant, en s’appuyant sur plusieurs piliers :
- La prise en compte de l’intégralité des utilisateurs au moment de la conception des services numériques. L’accessibilité est souvent perçue comme une contrainte par les acteurs privés comme publics. Pour eux, mettre en conformité un site internet ou une application mobile est synonyme de complexité et de coûts élevés. Dans le cadre d’une refonte, il est nécessaire de corriger la structure, de modifier les contenus, le design ou encore ajouter des surcouches fonctionnelles. D’où l’intérêt de considérer l’accessibilité numérique le plus en amont possible.
- Lors des développements, l’adoption de bonnes pratiques d’accessibilité numérique pour les personnes en situation de handicap et celles souffrant d’illectronisme. En France, 17 % de la population rencontre des difficultés, voire est incapable d’utiliser des appareils numériques et des outils informatiques. Cela peut être dû à un manque voire une absence de connaissances concernant leur fonctionnement. Dans ce contexte, former les populations aux usages du digital sur différents supports s’avère incontournable.
- La formation des acteurs de la filière du Web : développeurs, designers, intégrateurs, etc. L’accessibilité numérique est peu enseignée dans les études digitales. Pourtant, elle devrait faire partie intégrante des enseignements dispensés. Afin de simplifier l’accessibilité des sites et services numériques, la direction interministérielle du numérique (DINUM) a édité un référentiel général (RGAA 4). Il intègre des règles de mise en œuvre et une méthode technique de vérification. En 2023, les entreprises réalisant un chiffre d’affaires annuel de plus de 250 millions sont tenues de respecter les obligations du RGAA 4. À compter du 28 juin 2025, toutes les sociétés privées seront concernées. Seules les entreprises de moins de 10 collaborateurs ou dont le chiffre d’affaires ou le bilan ne dépasse pas 2 millions d’euros en seront exemptées.
Bon à savoir : une mise en place peu coûteuse
Malgré les idées reçues, l’accessibilité numérique est peu coûteuse. Si elle s’inscrit dans une réflexion globale, elle augmenterait le budget d’un projet web de 5 à 10 % seulement. Un site accessible repose essentiellement sur le respect de bonnes pratiques. Par exemple, intégrer des niveaux de titres (Hn), ajouter des alternatives textuelles explicites aux liens ou bien des descriptions aux images informatives.
Accessibilité numérique : une question d’éthique, mais aussi de compétitivité
Si le bénéfice direct de l’accessibilité numérique ou A11É est l’inclusion, il est rarement question des bénéfices « induits ».
Un parcours utilisateur plus clair
L’accessibilité numérique s’intéresse principalement aux personnes en situation de handicap. Mais elle bénéficie à l’ensemble des consommateurs. Fluidifier la lecture permet d’optimiser le parcours client, le taux de rétention et le taux d’engagement. Des contenus bien conçus, bien organisés sont plus faciles à consulter pour tout le monde.
Une augmentation du trafic
L’adoption des bonnes pratiques de l’accessibilité numérique favorise la croissance de l’audience. L’accès est simplifié pour les personnes handicapées, mais aussi pour :
- les mobinautes ;
- ceux disposant d’une faible connexion ;
- les seniors ;
La meilleure accessibilité d’un site internet rend son trafic organique plus important. En parallèle, le référencement naturel sur les moteurs de recherche s’améliore. Le respect des règles linguistiques (syntaxiques, sémantiques, etc.) ou de balises Alt est la base d’un SEO de qualité.
Une meilleure image de marque
Mettre en valeur ses engagements en faveur de l’accessibilité numérique booste l’image de marque. Il contribue au renforcement de sa démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), en démontrant des préoccupations sociales.
Le développement de compétences en interne
En introduisant l’accessibilité numérique dans ses méthodes, les développeurs, chefs de projets, intégrateurs acquièrent de nouvelles compétences. Le recrutement de nouveaux talents est plus aisé. Près de 7 Français sur 10 estiment que leur entreprise devrait faire plus attention à la diversité et l’inclusion. Parmi eux, 59 % déclarent qu’il est important d’évoluer au sein d’une organisation valorisant ces notions.
Des parts de marché supplémentaires
13 % des Français ont au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle, cognitive. 6 % sont fortement restreints dans des activités habituelles, à cause d’un problème de santé. En parallèle, les plus de 65 ans, représentant un cinquième de la population en 2020, en représenteront un quart en 2040, puis près de 30 % à compter de 2050. Un site web accessible permet d’élargir sa clientèle cible, en touchant l’ensemble de ces populations.
