Panorama du monde de la formation en 2025

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La rédaction
CCM Benchmark
Publié le 17/07/2025 Mis à jour le 17/07/2025
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Baromètre 2025
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2025 est une année importante pour la formation professionnelle. Entre les réformes législatives entamées et l’accélération de l’intégration de l’IA dans le monde du travail, tous les acteurs vont devoir s’adapter. Salariés, services RH ou encore organismes de formation, des enjeux sont présents à tous les étages.

La formation professionnelle se porte bien en France. Plus de 1 million de formations sont suivies par an dans le cadre du CPF (compte personnel de formation), plus de 1 million de contrats d’apprentissage étaient en cours fin 2024, et plus de 8 000 organismes de formations sont recensés en 2025*. Tout n’est pas parfait évidemment. Si 47 % des actifs souhaitent suivre une formation dans les 12 mois à venir, moins d’un actif sur deux se sent suffisamment bien informé sur les modalités de financement, les organismes de proximité ou les lieux d’orientation. Aussi, 29 % des actifs ne souhaitent pas se former par manque d’envie, 25 % par manque de temps, et 20 % en raison d’une offre inadaptée**. Preuves que du travail reste à faire sur ces points.

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Des salariés entre opportunités et obstacles

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Un CPF toujours utile mais légèrement restreint

Le compte personnel de formation (CPF) permet à toute personne active d’acquérir des droits à la formation et de les utiliser durant sa vie professionnelle. Dès qu’un salarié travaille au minimum à mi-temps, son CPF est alimenté de manière automatique à hauteur de 500 € par an, jusqu’à atteindre un maximum de 5 000 euros. Les salariés en situation de handicap sont éligibles à une majoration de 300 euros. Ils peuvent ainsi cumuler 800 euros par an, dans la limite de 8 000 euros.

Le montant disponible est ensuite utilisable pour payer et suivre des formations éligibles à n’importe quel moment de sa carrière, y compris si l’on est en recherche d’emploi. L’éligibilité des formations a d’ailleurs évolué depuis le 6 février 2025. Désormais, seules les formations menant à une certification enregistrée au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) ou au répertoire spécifique (RS) sont finançables par le CPF.

Autre changement récent, la participation forfaitaire obligatoire restant à charge de l’employé a augmenté de 100€ à 102,23 euros au 1er janvier.

IA et formations CPF les plus demandées

Dans un monde de l’emploi en pleine mutation, 72 % des actifs utilisant l’IA (intelligence artificielle) ressentent un besoin de s’y former, mais seuls 29 % savent qu’une offre dédiée existe**. Des formations sur l’IA sont accessibles depuis le CPF. Elles devraient bientôt faire partie des enseignements les plus populaires du dispositif, qui sont notamment :

Les formations à cibler pour une reconversion

Plus de la moitié des actifs français sont concernés par une reconversion à court ou moyen terme. 18 % d’entre eux sont actuellement en reconversion, et 36 % envisagent de se reconvertir à court terme (2-5 ans)**. Problème, les dispositifs de formation les moins bien identifiés en France concernent souvent la reconversion, à l’image des trop méconnus Pro-A (reconversion ou promotion par alternance) et CEP (conseil en évolution professionnelle)**.

Faisant notamment appel au CEP, le dispositif Transitions Collectives permet aux salariés dont l’emploi est fragilisé de suivre une formation de reconversion vers des secteurs qui recrutent dans un même bassin d’emploi. Lancé en 2021, il offre une prise en charge totale ou partielle du coût de la formation par l’État, mais doit être demandé par l’entreprise.

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De gros changements à prévoir pour les RH

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Une réforme du financement de l’apprentissage à prendre en compte dans les budgets

Victime de son succès, l’apprentissage est devenu trop coûteux pour le gouvernement, et voit son financement réformé. Mesure majeure de la réforme, tous les contrats d’apprentissages signés à partir du 1er juillet 2025 sont moins pris en charge financièrement par les OPCO (opérateurs de compétences). La formation professionnelle des apprentis va donc davantage peser sur les budgets des entreprises. Si les employeurs restent exonérés de participation obligatoire sur les premiers niveaux de qualification, 750 euros leur seront demandés pour chaque apprenti de niveaux 6 et 7 (BAC+3 et plus). Ce qui concernait 22 % des contrats d’alternance en 2024*.

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recrutement IA
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Autre mesure majeure : pour les apprentissages comprenant plus de 80 % de formation en distanciel, l’aide est réduite de 20 %. De plus, celle-ci est désormais calculée au jour près, selon la durée réelle du contrat. Autant d’éléments à connaître et à approfondir avant de recruter à la rentrée.

Un usage encadré de l’IA pour le recrutement et l’évaluation

Entré en vigueur le 1er août 2024, le règlement européen sur l’intelligence artificielle (AI Act) encadre désormais son usage dans l’Union européenne (UE). Est notamment ciblée une utilisation responsable de l’IA par les entreprises. Depuis le 2 février 2025, il est interdit d’utiliser des systèmes d’IA qualifiés par l’UE comme présentant un risque jugé inacceptable pour les citoyens. C’est notamment le cas des logiciels capables d’identifier et d’exploiter la vulnérabilité ou les particularités des personnes. Concrètement, il est désormais interdit aux entreprises d’utiliser notamment des systèmes d’IA pour :

  • Déduire les émotions des personnes sur la base de leurs données biométriques afin de s’en servir pour décider de leur recrutement ou de leur évaluation.
  • Déterminer chez un salarié ou un candidat sa religion, son orientation sexuelle, son origine ethnique, etc.
  • Analyser le comportement d’un salarié (retards, temps de pause, activité sur les réseaux, etc.) afin d’en évaluer l’efficacité et la fiabilité au travail.

À partir du 2 août 2026, il sera également obligatoire pour les entreprises de surveiller humainement leur usage des systèmes d’IA jugés à haut risque. Il est notamment demandé qu’aucune décision importante impactant un salarié ne soit prise uniquement par l’IA. Ce sera par exemple le cas pour les RH en termes de recrutement et de licenciement, ou encore d’évaluation (des compétences, des besoins de formation, de carrière, etc.). De lourdes sanctions étant prévues en cas de manquement à ce nouveau règlement européen, il est indispensable que les services RH aient connaissance de tous ces changements. Et qu’ils prévoient des formations sur le sujet pour leurs salariés.

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Les organismes de formation vont aussi devoir s’adapter

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Adaptation aux évolutions législatives

Les organismes de formation (OF) doivent avoir un œil sur la réforme en cours de Qualiopi. Cette marque gouvernementale, qui certifie les prestataires de formation de France, leur permet aussi d’accéder aux fonds publics. Devant certaines dérives observées chez des organismes privés, la loi vient de prévoir un renforcement du contrôle des CFA (centres de formation d’apprentis) par les OPCO via des contrôles de qualité de l’action financée, et notamment sur site. D’autres changements sont attendus dans les prochains mois.

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Adaptation au développement de l’IA

Comme toute entreprise, les organismes de formation doivent se mettre en conformité avec l’AI Act. En plus de veiller à une utilisation responsable de l’IA, ils vont devoir prendre en compte les changements réglementaires dans leurs formations, et les enseigner. Les organismes de formation vont logiquement devoir répondre à la demande croissante des travailleurs en formation sur l’intelligence artificielle, en prévoyant en conséquence une offre plus exhaustive en la matière.

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Baromètre 2025
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Adaptation aux nouvelles tendances pédagogiques

De manière plus générale, la façon de former les actifs va sans doute continuer à évoluer. Les travailleurs, et en particulier la jeune génération, sont demandeurs d’un enseignement dynamique utilisant les dernières technologies comme l’IA ou la réalité virtuelle. 

La simple transposition d'une formation présentielle en e-learning ne suffit plus. Le succès réside dans des formats pédagogiques engageants et efficaces :

  • Blended learning (mixant présentiel et distanciel) pour allier flexibilité et interaction.
  • Micro-learning (modules très courts) pour un apprentissage "à la demande".
  • Gamification et réalité virtuelle pour améliorer l'ancrage des connaissances.
  • L'intelligence artificielle pour personnaliser les parcours.

L'enjeu pour les OF est double : investir dans l'ingénierie pédagogique et technologique, tout en s'assurant que leurs propres formateurs maintiennent un niveau d'expertise pointu sur des sujets en constante évolution.

Adaptation aux thématiques plébiscitées : entre numérique, soft skills et transition écologique

Les demandes de formation reflètent les besoins criants du marché du travail. Sans surprise, les compétences numériques restent en tête de liste : cybersécurité, analyse de données (data), intelligence artificielle générative, ou encore marketing digital.

Parallèlement, la prise de conscience de l'importance du facteur humain fait exploser la demande pour les soft skills. Les formations en management, communication interpersonnelle, gestion de projet et leadership sont plébiscitées par les cadres et managers souhaitant améliorer leur impact au sein de leurs équipes.

Enfin, une tendance de fond s'installe : les compétences liées à la transition écologique. Qu'il s'agisse de la rénovation énergétique, de la gestion des déchets ou de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), ces formations répondent à une demande sociétale forte et à l'émergence de nouveaux métiers.

 

L’année 2025, marquée par des changements réglementaires et financiers, a déjà commencé à modifier le visage de la formation française. Sans compter l’intégration de l’IA de plus en plus forte dans le monde du travail. Salariés, services RH et organismes de formation devront s’y adapter, mais aussi rester attentifs aux évolutions à venir.

 

* Données de l’Observatoire de la Compétence

** Chiffres issus de la 6e édition du Baromètre de la formation et de l’emploi publiée en février 2025 par Centre Inffo et l’Institut CSA